Je me souviens que mon père disait que les couleurs étaient piégées à l'intérieur de la forme. Limités, prisonniers, noyés dans les limites des objets où ils vivaient.

 

Est-ce que cela serait une étrange forme de foi ?

 

N'est-ce pas ce qui se passe avec l'âme, piégée à l'intérieur du corps mortel, pour la plupart des religions ? 

 

Mon père était descendant d'une famille juive, cependant, ma grand-mère avait abandonné toute pratique religieuse dans sa jeunesse. Mon père n'a jamais fréquenté de temple d’aucune orientation que ce soit, il a adhéré aux doctrines socialiste et marxiste, et au-delà de l'athéisme, tout simplement, l'idée religieuse, n'occupait pas ses préoccupations ou ses pensées.

 

Cependant, un événement terrible se produisit en 1990. Le corps de ma grand-mère a été retrouvé en décomposition dans un hôtel de Buenos Aires.

 

Quand mon père fut prévenu il voyagea immédiatement de la ville de Cordoue pour l'enterrer.   Ses collègues de la station-service lui ont payé entre tous un billet d'avion ensemble.

 

 (Je me souviens que ce fut son premier et unique voyage en avion, plus tard mon père a mentionné que les nuages vus d'en haut lui semblèrent, à ce moment, le paysage le plus dévastateur qu'il ait jamais vu).

 

Je me souviens qu'à son retour, il a aussi raconté qu'il avait trouvé le corps de sa mère "avec des paupières peintes de bleu ".

 

Son impression déchirante, sur la couleur des paupières de ma grand-mère morte, a peut-être conduit en une obsession de la couleur ?